Appelée aussi le « neuvième art », la bande dessinée n’est peut-être pas à la hauteur des classiques comme Honoré de Balzac ou Victor Hugo, mais les bédéistes sont peu à peu élevés au rang de grand art.
Des institutions culturelles comme le Louvre ont organisé des expositions d’artistes de BD et, contrairement aux États-Unis, où il faut trouver un magasin spécialisé dans les BD, si vous entrez dans une librairie française, vous trouverez un grand rayon consacré aux BD et il sera rempli de lecteurs enthousiastes. Elles auront probablement des sections de comics américaines ainsi qu’une section de mangas japonais. Il y aura aussi une section pour « les Auteurs » qui sont particulièrement vénérés après une carrière dans leur art, et qui sont donc désignés par leur nom.
Vous trouverez aussi des sites de vente de bd de collection sur internet, destinés principalement aux collectionneurs qui souhaitent compléter une collection d’éditions originales, tirages limités ou rares, des pièces souvent très chères et très recherchées.
Des milliers d’albums (la France a un format papier standardisé pour ses BD) sont produits chaque année et le deuxième plus grand festival de bande dessinée d’Europe se tient à Angoulême, en France (Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême).
Il existe également un musée consacré à la bande dessinée, La Cité internationale de la bande dessinée et de l’image, situé dans la même région que le festival, la région Nouvelle-Aquitaine.
La différence entre la bande dessinée et les romans graphiques
Le roman graphique et la bande dessinée sont souvent confondus dans l’imaginaire populaire. Les termes « graphiste », « bédéiste » et « romancier graphique » sont utilisés indifféremment par beaucoup. En général, les romans graphiques sont plus longs que les bandes dessinées et ont généralement un récit qui se déroule sur toute la durée de la publication, contrairement aux BD, qui ont souvent des récits plus courts qui se poursuivent sans début ni fin clairs.
Parce que l’histoire n’a pas besoin d’être divisée en séries comme une bande dessinée, les romans graphiques peuvent parfois couvrir un contenu plus complexe et, pour cette raison, ils ont tendance à avoir la réputation d’être plus sérieux et plus graphiques.
Mais la vérité est que le contenu peut être assez profond dans les BD aussi, c’est juste une question de présentation. Bien que l’on dise que les romans graphiques soient antérieurs aux bandes dessinées, ils ont tous deux connu des cycles de popularité dans différents pays au fil des siècles.
Les romans graphiques ont connu un regain de popularité avec des auteurs tels que Neil Gaiman et, actuellement, les deux se développent en tandem. De nombreux dessinateurs célèbres sont également réalisateurs de films, notamment Marjane Satrapi (Persepolis), Riad Satouff (L’Arabe du futur), Joann Sfar (Le Chat du Rabbin).
L’influence de la bande dessinée dans le cinéma
L’influence de la bande dessinée sur le cinéma est incontestable et peut même être observée dans des films américains populaires. De nombreux critiques voient des similitudes entre la série de bandes dessinées populaires Valérian et la Cité des Mille Planètes (à l’origine un roman graphique de Pierre Christin et Jean-Claud Mézières, puis une adaptation cinématographique) et la saga épique de George Lucas, Star Wars.
La belgique comme berceau de la bande dessinée
Il est important de noter que les industries de la bande dessinée en Belgique et en France sont souvent regroupées sous le nom de « la bande dessinée franco-belge » ou franco-belge.
Depuis les années 1940, la Belgique francophone est à l’avant-garde de l’industrie de la bande dessinée. Prenez des exemples familiers tels que les Schtroumpfs ou Tintin, qui ont tous deux des auteurs belges. Au fur et à mesure que des voix émergent du monde francophone et qu’un éventail plus diversifié d’auteurs et d’artistes est publié, la scène de la bande dessinée a ajouté de nouvelles perspectives à côté des classiques que sont Lucky Luke et Astérix.
Riad Sattouf, par exemple, est un dessinateur d’origine syrienne, également réalisateur de films et auteur d’un mémoire graphique qui a été traduit dans une douzaine de langues à ce jour. L’industrie de la bande dessinée s’est élevée contre une plus grande représentation des femmes, de la communauté LGBTQIA+ et des personnes de couleur, et des progrès sont lentement accomplis pour accroître la visibilité de ces artistes.
Cette prise de conscience, ainsi qu’un véritable intérêt pour le travail des femmes bédéistes et des artistes de couleur, indiquent que de nouveaux matériaux continueront d’être injectés dans ce genre en plein essor. La jeunesse française en particulier semble désireuse de voir une diversité de points de vue. Certaines des BD classiques sont disponibles chez Gallica.
Une sélection de bandes dessinées et romans graphiques qui ont joué un rôle important dans l’histoire du neuvième art
Les Aventures de Tintin par Hergé
Jeune garçon reporter, Tintin est devenu l’un des personnages les plus connus du monde de la bande dessinée. Ses voyages et ses rencontres reflètent le contexte politique et social de l’auteur belge Hergé (George Remi). Remi était le rédacteur en chef et l’illustrateur d’un journal belge conservateur (Le Petit Vingtième) et nombre de ses représentations, sans doute bien intentionnées, d’Amérindiens et d’autres ethnies (par exemple Tintin au Congo) ont finalement servi à renforcer des stéréotypes insultants et, selon toute probabilité, à faire avancer le programme des vues conservatrices de ses employeurs qui souhaitaient glorifier les sentiments coloniaux et vilipender l’Union soviétique et l’Amérique.
Indépendamment du fait que cela constitue ou non de la propagande, un fait intéressant est que Tintin a été le premier personnage de fiction à recevoir le prix de la Vérité de la lumière du Dalaï Lama (en 2006) en raison de ses aventures dans Tintin au Tibet. Hergé entretenait une longue amitié avec l’artiste chinois Zhang Chongren, ce qui a peut-être influencé cette aventure plus moderne et le personnage de Chang. Elle est considérée comme sa meilleure œuvre et a été achevée pendant une période de profonde réflexion personnelle.
L’Arabe du futur par Riad Sattouf
L’Arabe du futur, le best-seller français n°1, raconte l’histoire inoubliable de l’enfance de Riad Sattouf, passée dans l’ombre de 3 dictateurs – Mouammar Kadhafi, Hafez el-Assad, et son père. Riad, l’outsider par excellence, a des cheveux blonds flottants.
Dans un style graphique saisissant et virtuose qui capture à la fois l’immédiateté de l’enfance et la ferveur de l’idéalisme politique, Riad Sattouf raconte son enfance nomade dans la campagne française, la Libye de Kadhafi et la Syrie d’Assad, mais toujours sous le toit de son père, un panarabiste syrien qui entraîne sa famille dans sa poursuite de rêves grandioses pour la nation arabe. Riad, délicat et aux grands yeux, suit les traces de ses parents mal assortis ; sa mère, étudiante française studieuse, est aussi modeste que son père est flamboyant.
S’aventurant d’abord dans le Grand État arabe libyen populaire et socialiste, puis rejoignant la tribu familiale à Homs, en Syrie, ils s’accrochent à la vision du paradis qui se trouve toujours au coin de la rue. Et c’est ce qu’ils font, bien que la nourriture soit rare, que les enfants tuent des chiens pour le sport et que les serrures soient interdites, les Sattofs rentrent un jour chez eux pour découvrir une autre famille qui occupe leur appartement.
Et en un rien de temps, son père a élaboré un autre grand plan, passant de la construction d’un nouveau peuple à celle de son propre grand palais. Débordant de vie et d’humour noir, L’Arabe du futur révèle la vérité et la texture d’une famille excentrique dans un Moyen-Orient absurde, et présente également un maître de la bande dessinée dans une œuvre destinée à côtoyer Maus et Persépolis.
Le Démon des glaces par Jacques Tardi
Dans sa quête constante de mettre en valeur le large éventail de Jacques Tardi, Fantagraphics publie l’un de ses romans graphiques les plus anciens et les plus distinctifs : une histoire rétro-sci-fi satirique et Jules Verne-esque. En 1899, un navire naviguant dans l’océan Arctique découvre un spectacle étonnant : un vaisseau fantôme abandonné, perché au sommet d’un iceberg. Bientôt, le propre navire des marins est détruit par une mystérieuse explosion. C’est alors qu’entre en scène Jérôme Plumier, qui, à la recherche de son oncle disparu, l’inventeur Louis-Ferdinand Chapoutier, entre en contact avec les forces sinistres et glaciales qui se cachent derrière tout cela. Bientôt, il se dirige lui aussi vers le pôle Nord, où il devra affronter des scientifiques fous, des monstres des profondeurs, des sous-marins et des machines volantes futuristes.
Raconté avec brio dans d’hilarants pavés de prose violette vintage, Le Démon des glaces trouve Tardi en mode fantastique et constitue une clé de voûte de son œuvre. Les meilleurs bandes dessinées de collection se trouvent ici.
Astérix et Le ciel lui tombe sur la tête par René Goscinny et Albert Uderzo
René Goscinny est né en 1926 et mort en 1977. Avec le célèbre dessinateur Albert Uderzo, Goscinny est le dessinateur français responsable de la série de bandes dessinées Astérix – peut-être la série la plus connue du public américain. Il a également collaboré avec le dessinateur belge Morris pour créer la bande dessinée Lucky Luke, un personnage de l’Ouest américain portant des armes à feu. Il a également écrit la série pour enfants Le Petit Nicolas. Goscinny est né à Paris d’une famille d’immigrants juifs de Pologne, mais il a passé son enfance en Argentine. Il a collaboré avec des personnalités telles qu’Albert Uderzo, Jean-Jacques Sempé, Marcel Gotlib et Jean Tabary.
Dans cette édition particulière d’Astérix, qui a été traduite, les Gaulois n’ont qu’une crainte : que le ciel leur tombe sur la tête demain. Mais demain ne vient jamais, dit le chef Abraracourcix. Ou si ? Il semble qu’il soit enfin arrivé pour Astérix, Obélix et les autres villageois. Et de nouveaux personnages surprenants tombent en même temps que le ciel. Nos amis se retrouvent bientôt au milieu d’une course à l’espace.
Brazen de Pénélope Bagieu
À travers l’histoire et le monde entier, une caractéristique relie les femmes audacieuses de Brazen : leur esprit indomptable. Avec son esprit caractéristique et ses dessins éblouissants, la célèbre romancière graphique Pénélope Bagieu dresse le portrait de ces modèles féminins audacieux, certains célèbres, d’autres peu connus.
De Nellie Bly à Mae Jemison ou de Joséphine Baker à Naziq al-Abid, les histoires de cette biographie en bande dessinée ne manqueront pas d’inspirer la prochaine génération de dames rebelles.
Pénélope Bagieu est une illustratrice et une dessinatrice de BD française. Elle est surtout connue pour son blog BDs My Quite Fascinating Life et Les Culottées. Les Culottées ont été compilées et publiées en anglais sous la forme du roman graphique Brazen : Rebel Ladies Who Rocked the World, qui a reçu une large reconnaissance.
Chaos de Mœbius
L’artiste et dessinateur français Jean Giraud (pseudonyme de Mœbius) est né en 1938 et est mort en 2012. Il était un véritable maître et a été appelé l’artiste de bande dessinée le plus influent depuis Hergé. Parmi ses œuvres célèbres figurent les séries Blueberry, Arzach et L’Incal. Il a écrit dans la tradition franco-belge dans les genres de la science-fiction et du fantastique, mais il n’a pas limité son style artistique à ceux qui l’ont précédé. Il est connu et respecté dans le monde entier, et a contribué à la conception de films fantastiques. Des personnalités telles que Federico Fellini, Stan Lee et Hayao Miyazaki l’ont tenu en haute estime.
Lors d’une incursion dans les comics américains, il a réalisé les illustrations d’une mini-série de deux numéros du Surfeur d’argent écrite par Stan Lee (1988). Il est une légende parmi les dessinateurs de comics, avec plus d’œuvres que l’on ne peut en parler. Chaos est une tentative de présenter au monde son imagination et ses divers styles artistiques en un seul volume.